• (ALGER, Décembre 2006


     

    Dans la petite ville de Sidi Okba, dans la région de Biskra, dans le sud algérien, les habitants ont discuté longtemps, pendant plusieurs jours afin de trouver un terrain d'entente, une solution pour contrer le phénomène du recul de l'âge du mariage qui touche particulièrement les jeunes hommes. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />Les causes de ce recul sont imputées aux contraintes financières. Après plusieurs rencontres et de larges consultations organisées dans l'enceinte d'une mosquée de la ville, notables, imams et acteurs de la société civile ont décidé de fixer de nouvelles mesures pour faciliter les mariages. Des femmes ont été associées aux discussions.La nouvelle « charte communautaire » adoptée par les habitants imposent de nouvelles dispositions de mariage, rapporte le quotidien El Watan. La dot est désormais fixée 100.000 dinars (1.000 euros environ) pour les femmes qui se marient pour la première fois, et à 70.000 dinars (700 euros)) pour celles qui se remarient. Le montant de cette dot était beaucoup plus élevé avant, atteignant parfois un chiffre exorbitant décourageant de nombreux prétendants qui voudraient convoler en juste noce. La nouvelle charte, appelée « ourf » (coutume), supprime l'obligation faite à la mariée d'apporter avec elle le mobilier de la future maison conjugale. En plus de la réduction du montant de la dot, les nouvelles mesures codifient les prises de photos et les vidéos lors des cérémonies de mariages, l'utilisation des haut-parleurs par les musiciens et chanteurs chagés d'animation artistique des cérémonies de mariages et l'usage des cortèges nuptiaux dans les artères de la ville.L'objectif de ces nouvelles mesures visent à « faciliter aux jeunes de la ville la voie pour fonder leur foyer, lutter contre le gaspillage et réduire les nuisances des cérémonies de mariages », a déclaré cheikh Djamali, une des personnalités religieuses de la ville, citée par El Watan.La nouvelle « charte coutumière du mariage » a été bien accueillie par les 31.000 habitants de Sidi Okba. Parce qu'elle est de nature, estiment-ils, contribuer à lever les écueils qui empêchaient chaque année des dizaines de jeunes à convoler en juste noce, à fonder un foyer, rapporte le journal.L'âge du mariage a enregistré un net recul ces dix dernières années en Algérie, selon une récente étude officielle. Les hommes se marient en moyenne à près de 36 ans et les femmes à un peu plus de 32 ans. En dix ans, l'âge du mariage a reculé de cinq ans pour les deux sexes. Il se situait, en 1987, aux alentours de 27 ans pour les femmes et de 31 ans pour les hommes.Les causes sont multiples, mais les plus importantes sont, en plus des dépenses trop onéreuses du mariage, le chômage, la crise du logement, l'absence de perspective...

    votre commentaire
  • (ALGER, 6 Décembre 2006)

    La langue tamazight (berbère) figurera à l'examen du baccalauréat en 2009 et du brevet de l'enseignement moyen (BEM) en 2008 en Algérie. L'annonce en a été fait début décembre par Boubekeur Benbouzid, ministre l'Education nationale, à l'occasion d'un colloque international organisé du 5 au 7 décembre à Alger sur la normalisation de cette langue.



    Depuis son introduction à l'école en 1995, l'enseignement de cette langue n'a pas évolué. Bien au contraire, il a stagné, voir régressé. Initialement, tamazight était enseignée dans des écoles dans 16 régions sur les 48 régions que compte le pays. Onze ans plus tard, elle n'est présente que dans 10 régions avec, en tout et pour tout, un peu plus de 105.000 élèves.



    Tamazight, enseignée comme matière optionnelle, est reconnue depuis avril 2002 comme langue nationale. Mais ses défenseurs continuent d'exiger qu'elle soit promue « langue officielle », au même titre que l'arabe, seule langue officielle du pays.



    Pour le moment, le débat continue de tourner autour de la question, récurrente, de la graphie à utiliser pour son enseignement. Une polémique oppose depuis des décennies les tenants de la graphie arabe et ceux de la graphie latine qui est pratiquée depuis plus de 100 ans dans la recherche, l'enseignement et la littérature.



    Quelle graphie utiliser pour l'enseignement de tamazight, la langue berbère, en Algérie : la graphie latine, arabe ou tifinagh, les caractères berbères antiques. C'était là l'un des thèmes du colloque. La grande majorité des enseignants de tamazight, concentrés à plus de 90% en Kabylie, et le Haut commissariat à l'amazighité HCA (créé par les autorités) ont tranché, à leur niveau, pour la graphie latine. Mme Khadidja Bilek, sous-directrice chargée de l'enseignement et de la formation au HCA explique : « Pour nous, pour les praticiens, je parle des enseignants, et pour le HCA, c'est un problème qui a été tranché à notre niveau. C'est vrai que ça nous dépasse maintenant. C'est une question qui va rester aussi politique (...). Les praticiens de la langue, je parle des enseignants, des départements (instituts universitaires) de langue et culture amzighes, tout le monde travaille en caractères latins. Bon, maintenant, il y a une arrière-pensée qui dit caractères latins pense français, et ce n'est pas vrai. Il y a une seule langue française, il n'y en a pas des milliers ».



    « La production en tamazight et sur tamazight ce fait maintenant depuis plus de 150 ans en latin, faut-il perdre encore cinquante années pour reprendre à zéro en arabe ? », a ajouté Mme Bilek. « Ceux qui ont travaillé, qui ont vraiment fourni des efforts sont les partisans, si vous voulez, de la graphie latine », a-t-elle souligné.



    Abderrezak Dourari, chercheur et directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight, écarte complètement tifinagh du débat. Pour lui, le choix se limite à deux graphies : latine ou arabe. Il plaide pour la création d'une académie pour normaliser tamazight : « La graphie est un moyen de fixer la connaissance. Ce n'est pas la connaissance elle-même. Bien évidemment, pour le commun des mortels c'est la vitrine de la langue. C'est pour çà qu'elle a une puissance symbolique extraordinaire. Des gens peuvent s'entredéchirer sur seulement la forme que prendra une graphie ».



    « Nous avons aujourd'hui en Algérie trois graphies possibles. Nous avons tifinagh, nous avons les caractères arabes et nous avons les caractères latins. Chacun de ces caractères à ses avantages et ses inconvénients. La graphie tifinagh a un inconvénient majeur : c'est que ça archaïse la langue. Pour moi, en tant que chercheur, je dois donner plus de consistance, de priorité si vous voulez, à la fonctionnalité. C'est clair, c'est net et c'est précis. Dans ma tête, c'est tranché » a dit M. Dourari.



    « Pour la fonctionnalité, vous avez deux graphies qui sont possibles : la graphie arabe est fonctionnelle, la graphie latine est fonctionnelle. L'une et l'autre ont des avantages et des inconvénients. Il faut avoir une instance (Ndlr : académie) qui puisse décider, de peser les avantages et les inconvénients de l'une et de l'autre. C'est ce qui s'est passé au Maroc avant que le Palais royal décide de choisir la graphie tifinagh », selon lui.



    Justement, au Maroc, le problème de la transcription de tamazight continue de se poser. Pour couper court à la polémique entre les tenants de la graphie latine et les islamistes qui voulaient imposer la graphie arabe, le roi Mohamed VI a opté pour l'utilisation des caractères tifinagh. Mais le problème reste entier. Il n'a été que différé, selon Mme Meryam Demnati, chercheur à l'Institut royal marocain de la culture amazigh (ICRAM), venue assister au colloque d'Alger. « Nous continuons à écrire en latin, nous continuons à espérer que c'est en latin qu'on écrira plus tard. Parce que le contexte (Ndlr : dans lequel était adoptée la graphie tifinagh) était difficile à l'époque, en 2003. Mais  eux aussi (Ndlr : les islamistes) pensaient la même chose. Ils se sont dit : on va les mettre dans la momie (allusion à la graphie tifinagh), un beau jour, lorsque le mouvement amazigh sera plus fragile, nous rebondirons et nous ferons passer la graphie arabe », a-t-elle dit.



    « Donc, le tifinagh est une trêve dans laquelle on est. Ils (les islamistes) se disent : amusons-nous, regardons-les se dépêtrer dans leur tifinagh. Nous (berbères) ont se dit : bon, on est dans tifinagh pour mieux attaquer. Mais, je crois qu'eux aussi n'ont jamais perdu espoir de faire passer la graphie arabe », selon Mme Demnati. « J'ai l'impression que c'est ce qui se passe ici » (en Algérie), a-t-elle ajouté.



    Pour le moment, en Kabylie, région considérée comme la locomotive de la revendication identitaire berbère, la question de la transcription est tranchée en faveur de la graphie latine. Le ministre de l'Eduction, Boubeker Benbouzid, avait répliqué indirectement début décembre dernier que « c'est le pouvoir politique » qui décidera de la graphie de tamazight, « à la lumière des propositions des scientifiques ».



     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique