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  • Un pan du mur de Berlin pour mémoire et l'histoire.


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  • Par Mohamed Arezki Himeur
    Liberté du 02 septembre 2009

    C’est très beau, magnifique, sublime, lâchera Hayat, au détour d’un visage, à quelques centaines de mètres de la station climatique de Tikjda, perchée à près de 1.500 mètres d’altitude, sur les hauteurs de Bouira. Elle était émerveillée par le décor verdoyant, les cèdres qui s’élancent l’assaut du ciel et les montagnes, majestueuses, qui surplombent ce site touristique, l’un des plus beaux du Djurdjura.
    Avant même que son époux ne gare la voiture et n’éteigne le moteur, leurs trois enfants – deux filles et un garçon âgés entre 8 et 12 ans – se sont précipités hors du véhicule. Ils sont retournés, en courant, au dernier virage qu’ils venaient de franchir pour voir, regarder de plus près les singes magots accroupis sur le bas côté de la route ou sur les talus dominants la chaussée.
    C’est la première fois que Hayat, algéroise de pure souche, met les pieds à Tikjda. Son époux, Kamel, originaire de Béjaïa, connaissait l’endroit. Il l’avait visité une seule fois. Cela remonte à près d’une trentaine d’années. C’était au début des années 80. « Le site a beaucoup changé. Les montagnes sont dénudées. L’érosion a fait son effet. Parce qu’une grande partie des cédraies a disparu, ravagée par les incendies durant les années noires de 90 », constate-t-il avec amertume.
    Le couple et les enfants revenaient de Béjaïa où ils ont passé deux semaines de vacances, au bord de l’eau. Ils rentraient sur Alger. En cours de route, Hayat a « suggéré avec insistance » à son époux de faire une courte virée vers Tikjda. C’est une amie à elle qui lui avait soufflé l’idée au départ de Béjaïa. « N’oublie pas de faire un détour du côté de Tikjda. Tu ne le regretteras pas. Tu seras émerveillée », lui avait-elle dit. Hayat ne regrette pas de s’être rendue, d’avoir monté à Tikjda. « C’est une excellente idée. Cette bifurcation m’a permis de découvrir et de faire découvrir à mes enfants ce merveilleux site qu’est Tikjda », dira-t-elle, tout en pressant le pas pour rejoindre ses enfants qui contemplaient les macaques.
    Déjà, un projet mijote dans sa tête. Elle songe à y revenir, pour quelques jours, pendant les prochaines vacances scolaires d’hiver. Elle tentera de « vendre » aussi l’idée à des amies et aux membres de sa famille, ankylosés par la sédentarisation à Alger. Elle est sûre de rallier certains couples amis de son quartier à ce projet. Surtout si l’opération promotionnelle mise en œuvre au niveau de la station climatique est maintenue jusqu’à la fin de l’année.

    Succès de l’opération promotionnelle

    Tikjda est un véritable joyau touristique. Ce n’est donc pas par hasard que le site draine, tout au long de l’année, en été comme en hiver, au printemps comme en automne, la grande foule. Depuis le début juillet, la station climatique affichait complet. Il n’y avait pas, au milieu de la première quinzaine d’août, un seul lit de libre à l’auberge des jeunes et dans son annexe, situés à l’entrée de la station.
    Quelques mètres plus, au détour d’un petit virage, apparaissent deux belles bâtisses flambant neuf. Il s’agit de deux nouvelles unités hôtelières. Elles affichaient elles aussi complet. Il ne restait, le jour de notre passage, que cinq ou six lits de libre sur les quelques 230 lits (117 chambres) que compte la station.
    Il ne fait pas de doute que l’opération promotionnelle lancée par les responsables des lieux pour relancer le tourisme à Tikjda a été une réussite. Le prix d’une chambre single est fixé à 2.000 dinars et celui d’une chambre double à 3.000 dinars, petits déjeuners compris dans les deux cas. Une réduction est accordée pour un séjour de plus de trois nuits. Le client bénéficie d’un hébergement gratuit pour la 4ème nuit. Le cadeau est encore plus intéressant après la cinquième nuit : l’hébergement et la restauration de la sixième nuitée sont à la charge de la station climatique.
    Les enfants âgés de 13 à 17 ans bénéficient d’une réduction de 50% pour l’hébergement, tandis pour les enfants de moins de 12 ans l’hébergement est totalement gratuit durant tout le séjour des parents. « La promotion est intéressante. C’est pour cela que nous affichons complet », dira Mohand Améziane Belkacemi, chargé de la communication de la station climatique. « Je dois signaler que l’accès à toutes les installations de l’établissement est gratuit pour les clients », a-t-il ajouté.
    Le tourisme, c’est les idées. Disposé d’un magnifique site touristique, c’est bien, mais avoir également des idées pour attirer et fidéliser la clientèle, c’est encore mieux. Les responsables de Tikjda n’ont pas inventé le fil à coupé le beurre. Mais ils ont mis en application une formule, efficace, pour capter les touristes et les vacanciers. Ils vont certainement maintenir le cap, poursuivre sur cette lancée, pour « gagner » plus de clients durant les mois et années à venir. Le projet est réalisable si les clients sont satisfaits des prestations fournies. Le succès de l’opération se joue à ce niveau.

    On ne s’ennuie pas à Tikjda

    D’autant que la station va prendre de l’extension et s’agrandir dans les prochains mois. Elle doit récupérer et réhabiliter l’ancien hôtel Djurdjura incendié par les groupes terroristes durant les années 90. Elle doit également entrer en possession d’une carcasse inachevée appelée le « collectif » qui sera transformée en bungalows avec une capacité d’hébergement minimum de 200 lits.
    Une autre bâtisse qu’on appelle « le chalet » d’une capacité de 70 lits sera absorbée par la station. Elle deviendra une école d’initiation aux différents sports de montagne (VTT, escalades, spéléologie, ski, randonnées pédestres etc.). Une fois toutes ces infrastructures récupérées et réhabilitées, Tikjda « aura un minimum de 1.000 lits », selon M. Belkacemi.
    Cette station climatique a encore changé de « propriétaire ». Elle est confiée pour la gestion au ministère de la Jeunesse et des sports qui se découvre, ainsi, une seconde vocation. Elle a pris la dénomination  de Centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT). Ce centre est une entreprise à caractère économique et commercial qui est tenu de fournir, à la fin de chaque année fiscale, de bons résultats financiers. Ce qui oblige ses gestionnaires à fournir une double prestation : pour les touristes et pour les sportifs.
    Les touristes et vacanciers n’ont pas le temps de s’ennuyer à Tikjda pendant la période estivale. La station leur offre une panoplie d’activités de loisirs et sportives : piscine, billards, baby-foot, tennis de table, handball, football pour les enfants, randonnées pédestres, virées en VTT dans la forêt etc.
    Il y a aussi, au programme, plusieurs endroits à visiter, tels que le lac de « Tamda Ouguelmime ». Une merveille de la nature située à 1.750 km d’altitude. Il est de distant d’environ 15 km de la station climatique de Tikjda, mais il faut entre 02H30 à 03H00 de marche à pieds, à travers les sentiers parfois abrupts, pour l’atteindre.  Parmi les autres coins qui méritent un détour, une visite, on peut citer, entre autres, les falaises, les belvédères et le balcon de Tikjda.
    « Avec un peu de chance, vous pouvez tomber nez à nez avec une hyène rayée. Il y a deux ou trois individus de cette espèce animale qui vivent dans ce coin du Djurdjura », selon M. Belkacemi. On peut voir aussi, toujours avec un peu de chance bien sûr, l’aigle royal. Il est vrai qu’ici les oiseaux et les autres animaux sauvages sont chez eux. Ils sont protégés par la nature et par la loi, du moins dans les textes. Le Djurdjura, classé patrimoine national géré par la Parc national du même nom, est le refuge de nombreuses espèces fauniques.
    Tikjda reçoit des milliers de visiteurs et de touristes tout au long de l’année. Leur nombre varie d’une saison à une autre. Ils viennent de toutes les régions du pays. Certains pour un court séjour, d’autres pour un séjour plus long tandis que d’autres encore font le déplacement juste pour une journée. On y rencontre aussi des étrangers.

    Tourisme et sports font bon ménage à Tikjda

    Mais il y a aussi des gens qui y vivent, presque en permanence. Parmi eux, des sportifs qui viennent pour des entraînements, parfois pour de longs séjours. Ne vous étonnez pas si, au détour d’un virage, vous rencontrez Amar Brahmia. C’est son coin préféré pour les entraînements : d’abord lorsqu’il était athlète, puis maintenant qu’il est chargé de l’entraînement des certains athlètes de haut niveau. M. Brahmia est un amoureux et un infatigable défenseur de Tikjda.
    C’est dans « ce coin de paradis », comme il aimait répéter, qu’il a passé une bonne partie de son existence. D’abord comme athlète, pour se préparer aux meetings et compétitions auxquels il avait participé, ensuite, aujourd’hui, comme entraîneur et manager des athlètes algériens. C’est ici, en effet, que se sont entraînés et préparés certains des athlètes qui ont pris part aux Championnats du monde d’athlétisme de Berlin.
    Deux champions français d’origine algérienne, Mehdi Baala et Tahri Bouabdellah, s’étaient entraînés l’année dernière à Tikjda, aux côtés des athlètes algériens. L’un d’eux, Mehdi Baali, avait même battu ses compagnons d’entraînement Algériens lors d’un meeting à Monaco. « C’est cela l’athlétisme, c’est le meilleur qui gagne », dira M. Brahmia.
    Amar Brahmia est aussi, à ses heures de repos et de loisirs, un fabuleux guide touristique de Tikjda. Il connaît cette montagne dans ses moindres recoins. Et il parle avant amour, fougue et enthousiasme de ses sentiers, de ses arbres, de sa faune, de son air pur et de sa tranquillité. Beaucoup ne le savent pas peut-être. Brahmia est derrière la réalisation du stade du plateau d’Aswel, qui culmine à 1.740 mètres d’altitude. C’est une idée qu’il avait eu très jeune. Quand il était athlète. Lorsqu’il grimpait là haut pour les besoins de ses entraînements, de sa préparation et mise en forme physiques.
    « J’ai toujours rêvé de voir ce site bénéficier d’un stade. Et dès que j’ai eu la possibilité, j’ai mis à exécution ce rêve, grâce à l’aide du Comité olympique ainsi que des walis de Tizi Ouzouz et Bouira. Nous avons eu les autorisations et les moyens très facilement », nous a-t-il confié.

    Le féerique plateau d’Aswel

    Ce n’était pas facile de construire une infrastructure sportive à une telle altitude. La ville la plus proche est Bouira. Et elle se trouve à près de 40 km d’Aswel. Il fallait faire grimper les camions, les engins, le matériel et les produits nécessaires pour réaliser le stade. Cela n’avait pas été une affaire de tout repos. C’était pénible. D’autant que l’insécurité liée au terrorisme y était permanente. Une des personnes qui avait participé à la construction de ce stage avait failli perdre la vie. Elle avait été grièvement blessée par balles dans un attentat en descendant du plateau d’Aswel.
    Mais, comme on dit dans la région « laâtav ur itsnahsav », un bon résultat fait oublier les souffrances physiques. Le bébé est né. Il a vu le jour et il est beau. Le projet a été réalisé grâce à la volonté de tout le monde, à l’aide financière et matériel du Comité olympique internationale, de la Fédération internationale d’athlétisme et des wilayas de Bouira et Tizi Ouzou. Il a coûté moins de 300.000 dollars. « Impossible de réaliser une piste, les couloirs, avec tous les sautoirs, deux aires de sauts et deux aires de lancers à ce prix-là », estime M. Brahmia. Mais l’ « impossible » a été terrassé par la volonté, le volontarisme et les aides des uns et des autres.
    Lorsqu’il était entraîneur national, M. Brahmia, avait réussi à convaincre les responsables sportifs de ramener à Tikjda 85 athlètes, pour des entraînements. « J’avais insisté pour ramener le maximum de jeunes athlètes, des cadets jusqu’aux seniors, pour qu’ils puissent voir ce paradis. Certains ont accroché et son devenus des champions. J’en suis content », dira-t-il.
    Cependant, le plateau d’Aswel n’est pas seulement un stade, un terrain d’entraînements pour les sportifs et autres athlètes. C’est aussi et surtout un site touristique unique, incomparable et féerique, situé sur l’un des sommets du Djurdjura. Durant la saison estivale, par beau temps, il draine de nombreux touristes, visiteurs et amoureux de la nature. Certains, des jeunes des villages des Ouacifs, de Béni Yenni et d’Iboudrarène notamment, y passaient parfois la nuit à la belle étoile. Les gens viennent généralement en famille, avec femmes et enfants, particulièrement les week-ends et les jours de fêtes.

    Tourisme : l’après-pétrole de l’Algérie

    Du versant nord du site, lorsque le ciel est dégagé, de belles images s’offrent aux visiteurs qui peuvent observer, du haut du sommet d’Aswel, des dizaines de villes et villages construits comme des nids d’aigle sur des collines qui se succèdent, s’entrelacent en contrebas du Djurdjura.
    Le plateau d’Aswel, c’est aussi « Annou bw-Aswel » (le gouffre d’Aswel) d’une profondeur de plus de 800 mètres. Des éléments du Groupement de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux de la protection civile de la wilaya de Bouira, baptisé « GRIMP-10 », l’ont exploré durant quatre jours cette semaine. Ils sont descendus dans ses entrailles. Il s’agit d’une opération d’entraînement, de mise à niveaux des participants et d’exploration.
    La relance du tourisme en Algérie est remise au goût du jour grâce aux nouvelles dispositions, attrayantes du point de vue économique et financier, contenues dans la Loi de finances complémentaires 2009. Mais, le succès de la démarche implique l’exploitation de tous les sites et « gisements » dont, bien entendu, le tourisme de montagne qui a cet avantage de « fonctionner » toute l’année.
    L’après-pétrole réside, peut-être, dans le tourisme. Parce qu’il pourra, si les choses sont faites dans les règles et les standards internationaux, constituer une importante source en devises pour le pays.

    M.A.H

     


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