• TIZI-OUZOU: le tourisme balnéaire en chute libre


    Par: Mohamed Arezki Himeur
    Liberté, 29 juillet 2010

    Les baigneurs doivent slalomer, depuis le parking jusqu’à la plage, entre des blocs de béton, des tonnes de rond à béton, des madriers, des truelles, des marteaux, des briques, des quintaux de ciment et de sable et supporter, pendant qu’ils se dorent au soleil, le bruit infernal de la bétonnière.

    Oui, je suis déçu, répond Idir à l’agent de sécurité qui lui demandait pourquoi cette tristesse sur son visage. Son compagnon, Tarik, l’était également. Les deux amis sont visiblement contrariés, décontenancés, affichant une mine tristounette, après avoir effectué un petit tour à travers les artères et les plages de Tigzirt. Ils ont pris le départ d’Alger, dimanche 10 juillet, à 7h. La circulation automobile était fluide. C’était toujours ainsi à l’aller. Trois heures plus tard, ils se retrouvent sur l’esplanade des ruines antiques de Tigzirt, avec une superbe vue sur la Méditerranée, le port retapé à neuf, l’îlot, le magnifique jardin public construit sur le port, la grande plage, la plage Tassalest et, au loin à l’est, sur le sommet d’une montagne, Taksebt qui abrite d’autres vestiges antiques.
    Tigzirt a tout pour plaire et drainer les touristes et les visiteurs. Idir et son ami Tarik ont préparé cette escapade d’une journée depuis plusieurs semaines déjà. Ils sont venus, ce dimanche, en éclaireurs, avec pour mission de prendre la température, de se renseigner sur les commodités offertes aux touristes. Ils ont fait le déplacement dans le but de préparer, pour eux, pour des amis et leurs proches, un séjour d’une dizaine de jours de vacances dans cette cité antique.
    Idir, Tarik et leurs amis, originaires de différentes régions du pays, ont l’habitude de passer les vacances d’été ensemble, tantôt dans une région, tantôt dans une autre, dans des établissements hôteliers ou des villages de toile (campings). C’est un excellent moyen, une formule idéale, estiment-ils, pour connaître le pays, ses villes et villages côtiers, apprécier ses différents paysages, découvrir la culture, les us et coutumes propres à chaque région, à chaque endroit de la façade côtière algérienne qui s’étend sur plus de 1 200 km.
    Ils ont passé la précédente saison estivale à Mostaganem. Ils ont opté cette année pour la région de Tizi Ouzou. Leur choix s’est porté sur Tigzirt, une ville réputée pour son calme, l’accueil et le respect de ses habitants pour les étrangers, la propreté de ses plages. C’est une ville qui offre aux touristes une multitude de sites antiques qui méritent d’être visités. Elle a de tout temps était une destination prisée des estivants et des vacanciers. Ce n’est malheureusement pas le cas cette année. La ville n’a pas drainé la grande foule. Le rush touristique attendu n’a pas eu lieu. Les dix premiers jours du mois de juillet ont été médiocres, pour reprendre une expression de Rabah, un commerçant. Les causes ? Elles sont multiples, estime-t-il.
    Idir et Tarik sont quelque peu déçus. “C’est affligeant de voir ça”, lance Idir, en pointant l’index vers Tassalest, la plus grande plage de la ville, qui s’étend sur quelque 900 mètres de long.
    La plage est devenue un vaste chantier, s’étendant sur une grande superficie, à quelques mètres seulement de l’eau. Avant de faire le premier plongeon, les baigneurs doivent slalomer, depuis le parking jusqu’à la plage, entre des blocs de béton, des tonnes de rond à béton, des madriers, des truelles, des marteaux, des briques, des quintaux de ciment et de sable et supporter, pendant qu’ils se doraient au soleil, le bruit infernal de la bétonnière. La présence de tous ces matériaux fait courir des risques pour les estivants. Le danger est permanent, surtout pour les enfants qui aiment bien jouer, galoper sur les plages.

    Les causes sont nombreuses

    Le choix de la période pour entreprendre ces travaux n’est pas judicieux, estiment bon nombre de Tigzirtois. Ils devaient être réalisés avant la haute saison touristique, relèvent-ils. Il est vrai qu’il n’est pas agréable, après une année de labeur, de passer des vacances dans une ambiance pareille.
    Les travaux portent sur la réalisation d’une sorte de promenade tout le long de plage, à quelques mètres de l’eau, rendant, du même coup, l’espace réservé aux baigneurs trop étroit.
    La saison estivale, réduite de presque de moitié cette année en raison du Ramadhan, s’annonce compromise pour les hôteliers et les commerçants. Le taux d’affluence des touristes et des vacanciers, durant les dix premiers jours de juillet, est malingre. Les opérateurs du tourisme et les commerçants s’apprêtent déjà à entériner ce constat, amer pour tous.
    Le 10 juillet, les touristes n’étaient pas encore au rendez-vous. Ils ne se bousculaient pas dans les hôtels, restaurants et autres crémeries de la ville.
    Beaucoup de logeurs, habitués à louer leurs appartements et villas pendant la saison estivale, n’ont pu le faire cette année, faute de touristes en grand nombre. Des offres de location ont, pour la première fois, été placardées sur des vitrines de certains magasins de la ville. Ce qui ne se faisait pas autrefois. Parce que la demande de location était plus forte que l’offre.
    Donc, les propriétaires qui mettaient leurs maisons en location n’avaient pas besoin de recourir aux annonces pour trouver des locataires. Le bouche à oreille, les réseaux d’amis, de parents et de connaissances fonctionnaient à merveille, suffisaient amplement.
    La Coupe du monde, l’approche du mois de Ramadhan, la crise économique avancées pour expliquer, justifier la maigre affluence des touristes ne tiennent pas la route, estiment des Tigzirtois. Les raisons sont à rechercher ailleurs : dans la malpropreté des plages et les chantiers comme celui lancé à Tassalest. À ces deux défaillances s’ajoutent la pénurie endémique de l’eau potable et celle du lait : deux produits très demandés par les touristes et vacanciers.
    Les pénuries d’eau durent parfois plusieurs jours, nous a-t-on dit. Que font les autorités locales ? “Elles sont en vacances”, répliquent, avec ironie quelques jeunes, assis à même le sol, près du siège de l’APC.
    Inutile de sortir d’une grande école pour établir le diagnostic que le tourisme a subi un net recul cette année à Tigzrit. Il suffit, pour ce faire, de se balader sur la rue principale qui traverse d’un bout à l’autre la cité, de se déplacer vers le port ou de faire une virée dans les restaurants, les cafés et les crémeries de la ville pour le constater. Cette démarche, effectuée un jour de la semaine, constitue un bon indicateur permettant de mesurer, de faire une estimation de la présence des touristes. Les plages donnent une fausse idée sur l’affluence touristique, car elles sont, pour une large part, fréquentées par des baigneurs des villes et villages de la région, qui rejoignent leurs foyers avant le coucher du soleil.
    Les crémeries, spécialisées dans la vente de crème glacée, sont aussi un excellent indicateur. Parce qu’elles attirent généralement de nombreux touristes. Ce n’est pas le cas cette année. Les clients sont moins nombreux.
    Autre fausse note : l’absence d’une animation artistique, qui avait fait, dans le passé, les beaux jours de Tigzirt. Il y avait une vie nocturne familiale. Les touristes et les habitants veillaient jusqu’à l’aube, soit sur l’esplanade du site des vestiges antiques surplombant le port et la Méditerranée, soit du côté de la grande plage. Il y a trois ans environ, une formidable ambiance régnait sur cette plage. Elle était envahie chaque nuit par des dizaines de familles, des centaines de personnes qui venaient prendre le frais, déguster une glace, un café, un thé ou siroter une limonade. Rien de tout cela, cette année.

    Recul du tourisme à Azeffoun aussi

    Les deux animateurs qui ont fait les beaux jours de ces lieux sont toujours là, à Tigzirt, pas très loin de l’Office national du tourisme (ONT), dont le bureau se trouve sur l’artère principale. Les services chargés de préparer et d’organiser la saison estivale, et ils sont nombreux, semblent avoir omis d’inclure dans le programme l’animation artistique et culturelle.
    Décidément, les gestionnaires des villes côtières de la wilaya de Tizi Ouzou semblent s’être donné le mot. Une longue et large promenade est en cours de construction à la lisière de la plage du centre d’Azeffoun. Cette ville et Tigzirt sont situées sur la même façade maritime. Elles sont distantes de 39 km seulement. Mais pour aller de l’une à l’autre, c’est la croix et la bannière. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, aucun bus ou fourgon de transport de voyageurs, pourtant par centaines à sillonner dans tous les sens la wilaya de Tizi Ouzou, n’assure la liaison directe entre les deux villes. Les deux cités sont isolées l’une de l’autre. Pour aller de Tigzirt vers Azeffoun, où vice-versa, le voyageur est contraint de faire le détour, long et éreintant, par Tizi Ouzou et Fréha.
    Azeffoun vit la même situation que la ville voisine de Tigzirt. Ici aussi, le tourisme est  en net recul. La plage du Caroubier, donnée en concession à un privé, est la seule à connaître une grande affluence. Elle draine, chaque jour, des centaines, voire des milliers, de baigneurs. Ce sont essentiellement des habitants des villes et villages de la région de Tizi Ouzou.
    L’activité commerciale est affectée de plein fouet. Les magasins sont abondamment achalandés de produits liés à la mer. Les bouées pour enfants, les shorts, les maillots de bain, les parasols, les crèmes solaires et les jouets en plastique exposés devant les boutiques, y compris sur les trottoirs par endroits, sont livrés à la poussière. “Si ça continue comme ça, les toiles d’araignée vont obstruer l’entrée de nos boutiques et les tiroirs-caisses”, dira avec humour l’un des commerçants, œil mi-clos, cloué par un soleil de plomb sur une chaise en plastique.
    À Azeffoun, il n’existe aucun organisme public chargé de renseigner ou d’orienter le touriste. Une aberration pour une ville touristique, entourait de vestiges historiques.
    Dans cette région comme dans celle de Tigzirt, l’activité touristique peut être développée tout au long de l’année. Car, en dehors de la saison estivale, ces deux zones maritimes disposent de nombreux sites archéologiques à proposer aux visiteurs, aux universités, lycées, collèges et écoles, dans le cadre d’un tourisme culturel, comme cela se fait ailleurs, sous d’autres cieux.
    Cependant, une telle démarche passe, bien évidemment, par la mise en valeur et la préservation des lieux, mais aussi par la formation de guides et une campagne publicitaire bien ciblée.

    M.A.H


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  • Commentaires

    1
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