• « C’était bien la peine de vivre ! », s’exclamait Florence-Léonide Charvin avant de rendre son dernier souffle dans sa villa, située dans l’une des plus petites ruelles du quartier du Télemly, à Alger.  Célébre tragédienne qui avait marqué son époque, Florence-Léonide Charvin était plus connue sous son nom d’artiste AGAR. Née le 18 septembre 1836 à Saint-Claude, dans le Jura (France), elle avait rendu l’âme chez elle à Alger le 15 août 1891 et inhumée le 31 du même mois de la même année au cimetière de Montparnasse à Paris.
    Mme AGAR, célèbre tragédienne « dégagée » de  la Comédie Française (1871)
    Elle avait connu une carrière artistique prodigieuse aux côtés de Rachel et de Sarah Bernhardt. Une carrière, malheureusement, brisée par la Comédie Française qui lui reprochait d’avoir chanté La Marseillaise lors d’un concert organisé par le gouvernement de la Commune (1871) au profit des victimes de la Commune.  « C’était un crime dans ce milieu très talon rouge de la Comédie Française qui n’a jamais caché sa prédilection pour les anciens régimes », écrivait en 1912 Ernest Mallebay, directeur de l’hebdomadaire les Annales Africaines paraissant à Alger (1912).
    Réadmise à la Comédie française, Agar claqua une nouvelle fois la porte de l’illustre institution et entrepris des tournées en France et en Europe.
    C’était sur scène, lors d’une représentation où elle déclamait Le Cimetière d’Eylau de Victor Hugo, en 1890, qu’elle fut frappée par la paralysie. Elle avait 58 ans. Venue s’établir à Alger avec son époux, elle rechuta une deuxième fois.  Alitée pendant trois jours, elle avait perdu l’usage de la parole et ne bougeait plus. Mme AGAR, célèbre tragédienne « dégagée » de  la Comédie Française (1871)
    « La mort secourable passa ; elle éteignit la petite veilleuse tremblotante dans cette âme qui faisait effort pour dégager ses ailes et s’envoler dans l’espace éthérés où cette prêtresse d’un Art immortel nous avait emportés si souvent », écrivait son ami Ernest Mallebey dans le même hebdomadaire.
    « Pitoyable à toute les infortunes, elle ne laissait jamais partir sans réconfort le malheureux qui s’adressait à elle », selon M. Mallebey. Une plaque en marbre, datant de 1917, dédiée à sa mémoire est toujours visible sur une façade de son ex-villa transformée aujourd’hui en jardin d’enfants.


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