• Tamda Ouguemoune: la mer, le soleil et... du poisson

    Par Mohamed Arezki Himeur

    Tamda Ouguemoune est une petite plage féérique, entourée de maquis et de montagnes. Elle se trouve à environ 7 km à l’est de la ville historique et touristique de Tigzirt, dans la région de Tizi Ouzou, à 150 km à l’est d’Alger. L’accès se fait par une piste étroite et escarpée. L’endroit n’était, il y a une quinzaine d’années, qu’une petite plage d’échouage comptant deux ou trois baraques où les pêcheurs entreposaient leurs filets et outils de pêche. Il était fréquenté essentiellement par des adolescents des villages environnants qui venaient faire trempette durant la saison estivale. Aujourd’hui, il draine beaucoup de monde et en toute saison.
    Tamda Ouguemoune: la mer, le soleil et... du poisson
    Tamda Ouguemoune est surtout connue des fines fourchettes, des amateurs de poisson, ceux qui s’extasient devant des mets exquis, qui savent ce que bien manger veut dire. Ce sont justement ceux-là qui débarquent, régulièrement, sur ce merveilleux site.
    Il s’agit, en fait, d’une crique féérique, entourée de maquis, blotti aux pieds d’une chaîne de mamelons qui la protège des vents de l’est, du sud et de l’ouest. Elle se trouve à environ 7 km à l’est de la ville côtière de Tigzirt, dans la région de Tizi Ouzou, en contrebas de la route menant par le littoral vers Azeffoune et la capitale des Hammadites, Béjaïa.
    L’accès, presque invisible pour un étranger de passage, se fait par une route ardue et étroite, qui finit sa course sur une petite plage couverte de galets lices de différentes formes, couleurs et tailles, polis par les vagues.
    Tamda Ouguemoune est réputée pour son poisson. Elle est pour les habitants de Tizi Ouzou, chef-lieu et région confondus, ce qu’El Djamila (ex-La Madrague) est pour les Algérois et les populations des villes et villages limitrophes. Il existe, cependant, une petite nuance entre les deux sites côtiers. Contrairement à El-Djamila où les viandes rouges et blanches figurent parfois aux menus de certains restaurants, à Tamda Ouguemoune, les paillotes et petits restaurants proposent un produit unique : le poisson, mais dans toutes ses variétés.
    Le menu, alléchant, va de l’inévitable sardine grille à la sépia en sauce, en passant par le mérou, la crevette royale, le succulent rouget de roche, le doux merlan recommandé pour les goutteux, le chien de mer, la raie, le fameux saint-pierre « oblitéré », la lotte, le thon, la dorade, le pagre, la sole, le pageau, la bonite etc. Le tout est, bien évidemment, précédé d’une assiette de piment vert parfois très piquant. Ce met, qu’on appelle à Alger et dans certaines régions « chlita », est servi comme entrée. Pilonné, transformé presque en purée,  le piment s’adoucit, se laisse avaler ou déguster, une fois baigné, voire noyé, dans de l’huile d’olive.

    Poisson et vestiges antiques


     
    Les paillotes et restaurants de Tamda Ouguemoune sont construits, en dur ou en bois, en bordure de la plage et sur de gros rochers surplombant la mer, avec une superbe vue sur la grande bleue. Parfois, les consommateurs assistent au déchargement du poisson tout frais, trémoussant et tortillant encore dans les caisses, ramené à l’aide de petites barques depuis les ports de pêche de Tigzirt, de Dellys ou d’Azeffoun. Le poisson congelé est interdit d’entrée en cet endroit. Aucun restaurateur n’oserait l’inclure dans son menu aux risques d’y laisser des plumes, voire de mettre carrément la clé sous le paillasson.


    Tamda Ouguemoune: la mer, le soleil et... du poisson
    Tamda Ouguemoune draine chaque jour des centaines de personnes.  Lorsque le beau temps est du rendez-vous, le site est littéralement pris d’assaut, affiche complet. Les amateurs de poisson viennent généralement de Tizi Ouzou, mais également des villes et villages montagneux de la région. On y rencontre la plupart du temps, surtout les week-ends et les jours fériés, des familles et des groupes d’amis venus d’Alger. Ils jettent l’ancre dans cette petite baie pour y déjeuner avant de rentrer au bercail. Une escapade très prisée par certains algérois.
    Le circuit Tizi Ouzou-Freha-Azeffoun-Tigzirt-Tizi Ouzou est le plus apprécié des excursionnistes, surtout par ceux qui ont programmé de passer la nuit à Tigzirt. Il permet de visiter les vestiges antiques de l’ancien village d’Azeffoun, les allées couvertes ou Dolmes datant de plus de 3.000 ans avant Jésus Chris d’Ath R’houna, les ruines romaines de Tigzirt pour ne citer que ces exemples de curiosité touristiques.
    Le petit port de pêche et de plaisance de Tigzirt près duquel on a aménagé un jardin public et un manège pour enfants attirent beaucoup de monde, des familles en particulier. On peut se balader sur les quais sans provoquer le courroux des marins pécheurs, des armateurs et des membres des services de sécurité chargés de la surveillance des lieux.

    Une crique pittoresque


    Même si elles sont dans un état de délabrement avancé, les Dolmes du village d’Ath R’houna méritent bien un détour. Ces allées, qui constituent des nécropoles renfermant autrefois des sépultures collectives, comptent 8 à 15 mètres de longueur, 2 à 2,5 mètres de hauteur et plus de 1,4 de largeur.
    Si les vestiges antiques d’Azeffoun et de Tigzirt sont connus, les allées couvertes d’Ath R’houna, à environ 14 km à l’ouest d’Azeffoun, en allant vers Tizgirt, le sont beaucoup moins. Une association culturelle du village, dénommée « Ivahriyène », tente, avec des moyens rudimentaires, de sauver et sauvegarder ces Dolmes découverts dans les années 50 par le chercheur français Gabriel Camps (cf : Bulletin de la Société préhistorique française (1959). Pierre Galvault en avait fait déjà allusion dans son « Etude sur les ruines romaines de Tigzirt » éditée en 1897.

    Tamda Ouguemoune: la mer, le soleil et... du poisson

     Tamda Ouguemoune est née presque du néant. Rien ne la prédestinée à devenir un centre d’attraction pour les amateurs de poisson. La crique était, avant le milieu des années 90, une simple petite plage d’échouage. Elle était  reliée à la route nationale par une piste abrupte. Elle abritait quelques bicoques utilisées par des pêcheurs du coin pour entreposés leurs petites barques, cannes, filets et autres outils de pêche. Des enfants et adolescents des villages environnants surplombant le site y venaient faire trempette durant la saison estivale.
    Les premiers étrangers à la région à fréquenter Tamda  Ouguemoune étaient des coopérants des pays de l’Est, notamment des ressortissants de l’ex-Union soviétique, de ceux des ex-républiques roumaine, tchécoslovaque, polonaise etc. Ils venaient, en famille et par petits groupes, y camper deux à trois semaines en été. Ils étaient attirés par sécurité, la tranquillité et le côté pittoresque de l’endroit, situé loin des villages et des agglomérations côtières.
    Tamda Ouguemoune: la mer, le soleil et... du poisson
    Tamda Ouguemoune n’est plus ce qu’elle était. Elle a changé de physionomie. Elle est devenue ce petit coin de paradis qui attire non seulement des gourmets, des amateurs de poisson, mais aussi des personnes cherchant à se déstresser, à oublier l’espace d’une journée ensoleillée les bruits assourdissants des centres urbains. Elle fait nourrir également, grâce à son activité commerciale, des dizaines de familles. Ce qui n’est pas rien par les temps de crise qui courent.

    M.A. Himeur

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :