• ABANE RAMDANE: la lumière sur son assassinat


    Le livre « Abane Ramdane, le faux procès » paru ces derniers mois en Algérie jette un gros pavé dans la marre de la Révolution algérienne. Tout n'a pas été « propre » durant la guerre d'indépendance de l'Algérie.
    M. Mameri, considéré comme un biographe de Abane Ramdane, vient de soulever un pan du voile des coups tordus et des opérations d'épurations révolutionnaires qui ont frappés les rangs des combattants de la guerre d'Algérie (1954-1962).
    Son ouvrage de 160 pages enlève, peut-être définitivement, l'épais voile noir qui cache les circonstances de l'assassinat de Abane Ramdane, par ses « frères » d'armes. Il dévoile toute la machine et les fausses accusations qui ont « justifié », aux yeux de ces bourreaux actifs ou passifs, sa liquidation physique le 27 décembre 1957à Téfouan, au Maroc.
    Affreux, répugnant et inqualifiable assassinat commis par de soi-disant « frères » luttant pour un même idéal, un même objectif : l'indépendance de l'Algérie.
    La lecture du livre donne froid au dos. « Abane Ramdane, le faux procès » contient un document inédit d'un peu plus de 4 pages rédigé par le Colonel Amar Ouamrane et signé par lui le 15 août 1958 à Tunis, c'est-à-dire près de 9 mois après l'assassinat.
    Mais ce document, écrit à l'aide d'une machine à écrire de l'époque, n'a jamais été divulgué jusqu'ici par son auteur. Pourquoi ? La question reste posée.
    Dans un post-scriptum, Ouamrane, décédé e 1992, écrit : « je jure sur l'honneur que ces déclarations sont conformes à la réalité ». Dans ce document, Ouamrane rapporte un dialogue entre cinq colonels : Krim Belkacem, Abdehafid Boussouf, Lakhdar Bentobal, Mahmoud Chérif et Ouamrane lui-même. La discussion a porté sur la « liquidation » ou l' « incarcération » de Abane Ramdane.
    Le document fournit des précisions sur les circonstances de l'assassinat du père de la Révolution algérienne. Au moment de son assassinat, Abane était président du Comité de coordination et d'exécution (CCE) issu du Congrès de la Soummam (en Kabylie) en 1956.
    Abane a été exécuté par qu'il dérangeait les colonels, chefs de guerre. « Ce sont de futurs potentats orientaux... par leur attitude, ils sont la négation de la liberté et de la démocratie que nous voulons instaurer dans une Algérie indépendante », avait dit un à Ferhat Abbas, premier président du GPRA, Gouvernement provisoire pendant la guerre d'Algérie (cf « Autopsie d'une guerre », Ferhat Abbas, Editions Garnier, Paris 1980, page 210-211, cité M. Mameri dans son ouvrage).
    Abane Ramdane n'était pas le seul à penser ainsi. Le colonel Lotfi avait dit lui aussi à Ferhat Abbas (cf même livre de Ferhat Abbas): « Notre Algérie va échouer entre des mains de colonels autant dire analphabètes. J'ai observé chez  le plus grand nombre d'entre eux une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d'être des « sultans » au pouvoir absolu... Ils n'ont aucune notion de la démocratie, de la liberté, de l'égalité entre les citoyens... ».
    Au-delà de l'assassinat, le plus dramatique est le silence de plomb observé jusqu'ici par les protagonistes dans cette sombre affaire.

    ---  « Abane Ramdane le faux procès », Khalfa Mameri, Editon EM, Tizi Ouzou.

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