• C'était la fête vendredi 1er juin 2007 à Ath Ouavane, un village accroché aux flans rocheux du massif montagneux du Djurdjura, en Kabylie, en Algérie. Les hommes, les enfants et les adolescents étaient rassemblés devant le mausolée du saint tutélaire de village. Ath Ouavane, village enclavé, relié par une unique route au monde extérieur, est surtout réputé pour son piment « très piquant », mais savoureux pour ceux qui peuvent supporter les « ahhhhh ».
    Le 1er juin était le jour de « timechret » dans ce village, un rituel ancestral, pratiqué encore dans de nombreux villages de Kabylie, qui avait donné lieu à l'immolation de plusieurs bœufs et veaux. Au moment ou des adolescents servaient le thé, le café et les gâteaux traditionnels, les adultes égorgeaient les bêtes. Celles-ci furent achetées grâce aux cotisations annuelles des villageois, aux cotisations et quêtes des émigrés ainsi qu'aux dons des bienfaiteurs nantis.
    Une fois découpée, la viande et les abats étaient soigneusement répartis à parts égales, déposées dans des couffins, des bacs en plastique ou autres ustensiles de cuisine.
    « Timechret » est généralement, autrefois, organisée à la veille de la fête religieuse musulmane de l'« Aïd El-Adha » (fête du sacrifice). Elle permettait aux pauvres, aux moins nantis, qui ne pouvaient pas s'acheter un mouton, de manger, comme tout le monde, de la viande ce jour de fête. Il s'agit en fait d'une forme de solidarité et d'entraide.
    Le principe de « timechret » ignore totalement les classes sociales. Chaque membre de la communauté qu'il soit riche ou pauvre, homme, femme, enfant ou bébé d'un jour ou d'une heure – résidant dans le village ou vivant dans d'autres contrées du pays ou à l'étranger --  a droit à sa part, identique à ces des autres. La part des natifs du village vivant ailleurs, sous d'autres cieux, est récupérée par leurs proches. La viande est répartie en fonction du nombre des membres de chaque famille. Un couple a droit à deux parts et une famille de 10 personnes a droit à dix parts. Ni plus, ni moins.
    « Timechret », ce n'est pas seulement une fête de la viande, loin s'en faut. C'est aussi et surtout une occasion pour les membres de la communauté de se retrouver l'espace d'une journée, s'échanger des nouvelles, discuter des problèmes que rencontre le village concernant par exemple la réfection des routes, l'alimentation en eau potable, d'assainissement etc.
    Ath Ouavane dispose d'une petite bibliothèque renfermant des livres scolaires et techniques mais aussi des romans. Il dispose aussi d'une chorale composée d'élèves ainsi que de collégiennes et collégiens du village. Ces activités culturelles sont animées par des bénévoles, des enseignants pour la plupart, avec des moyens rudimentaires.
    A Ath Ouavane, « timechret » coïncide généralement avec l'opération de répartition, équitable, de l'eau de l'oued traversant le village. Les ancêtres des Ath Ouavane ont mis en place un système ingénieux, fait de rigoles reliées les unes aux autres, pour l'irrigation des jardins et potagers familiaux.
    Ath Ouavane est vraisemblablement le seul village en Kabylie à utiliser ce système qui ressemble à celui des foggaras existant dans certaines régions du Sahara algérien.
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  • Jour de "timechret" à Ath Ouavane. Rassemblement des habitants devant le saint tutélaire du village. C'est à proximité du mausolée de cet ancêtre que seront immolés les boeufs et veaux achetés pour cette occasion. C'est ici que se fait, depuis des générations, le partage équitable de la viande. Une répartition qui ignore totalement la statut social des bénéficiaires. Riches et pauvres auront des parts égales, en fonction du nombre des membres de leurs familles respectifs.

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  • Un sytème d'irrigation des jardins et potagers du village. L'eau qui dévale de la montagne est répartie équitablement, grace à un ingénieux système de rigoles reliées les unes aux autres. Ca ressemble au système des foggaras existant dans des régions du Sahara algérien.

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  • Système d'irrigation des jardins et potagers du village.


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  • Dans un village ou la seule "activité culturelle" reste la télévision, une petite bibliothèque comme celle-ci peut faire le bonheur des jeunes collégiennes et collégiens mordus de la lecture. C'est le cas à Ath Ouavane, un village enclavé du massif montagneux du Djurdjura, en Kabylie.

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